La dernière fois que nous étions chez mes beaux parents, Mamity a commencé à parler du Père Noël à Salaï.
Je l'ai immédiatement reprise.
"Je préfère qu'on ne lui en parle pas pour l'instant, on n'a pas encore pris de décision avec le Prêcheur."
"De décision sur quoi?"
Sur est ce qu'on lui ment ou pas."
Evidemment, cette sortie a jeté un froid.
Je n'aime pas trop Noël. Déjà parce que mes parents sont divorcés, et qu'ils vivent tous les deux loin de chez moi, donc je ne les vois pas pendant les fêtes. Depuis que je suis avec le Prêcheur, je passe Noël chez eux avec lui, mais çà n'a évidemment pas la saveur d'un Noël en famille.
Ensuite parce que j'ai du mal avec le concept même de cette fête. De par mes croyances, évidemment, Noël Chrétien rime pour moi avec vol éhonté de traditions plus anciennes. Du sapin à la bûche en passant par la veillée, tout a été pris aux Païens, et j'ai donc un peu de mal à me réjouir en cette période.
Je trouve la fin d'année triste et déprimante. Parce que tout le monde s'efforce d'afficher une joie qui n'est souvent que feinte, on voit des gens qu'on ne prend même pas la peine d'appeler une fois dans l'année et on fait "comme si" on était tous heureux de se revoir, alors que bien souvent, on est quand même assez indifférents les uns envers les autres.
Ensuite parce que je n'ai jamais eu beaucoup d'argent, et que je suis bien souvent gênée de recevoir des cadeaux "chers" alors que les miens vont souvent être soi peu onéreux soit faits maison.
Enfin, j'ai eu pour ma part beaucoup de mal à digérer le mensonge de mes parents.
Qu'on soit bien d'accord, en soi je ne leur en veut pas. Ils ont fait comme des millions d'autres parents, ils m'ont distillé la magie de Noël par de jolies histoires, m'ont parfois menacée de ne pas recevoir de jouets si je n'étais pas sage...
Ma mère préparait des gâteaux allemands, sortait ses couronnes de l'avent, j'aimais l'ambiance générale.
Mais j'ai eu beaucoup, beaucoup de mal à leur pardonner de m'avoir menti.
Beaucoup de mal à me dire qu'ils ne m'avaient pas forcément menti sur tout le reste.
J'ai mis du temps à leur refaire confiance, à leur pardonner. J'ai mis du temps à comprendre pourquoi ils l'avaient fait.
Et je ne voudrais pas que Salaï vive la même chose.
Je m'interroge donc, et mon beau père m'a dit que le plus important était de lui en parler avec sincérité. Le Prêcheur qu'on pouvait présenter la chose comme un mythe, comme un conte de fées, dès le départ.
Je ne sais pas.
Je n'ai pas envie de le priver de cette 'magie". Mais je n'ai pas envie de lui mentir, même pour lui faire plaisir.
Je ne voudrais pas qu'il soit aussi déçu que moi d'apprendre que Papa Noël n'existe pas.
Je ne voudrais pas qu'il soit déçu de ne pas croire la même chose que les copains.
Cette année, il n'aura que sept mois et demie, donc au final, ce n'est pas catastrophique qu'on en parle même si finalement nous décidons de ne pas le faire sur le long terme. Mais encore une fois, je m'interroge.
Au delà de ce qui sera "le mieux" pour lui, je voudrais pouvoir me regarder dans le miroir, et sincèrement, les mensonges me font horreur. Même les "pieux" mensonges. Alors je crois qu'on va partir sur l'idée du mythe, mais je dois encore trouver comment présenter la chose...