Bonjour à celles et ceux qui sont toujours la
deux longs mois sans écrire, quelle honte...
Mais non, en fait, je n'ai pas honte. J'ai mal.
Pour la petite histoire, l'opération en elle même s'est bien déroulée. J'ai encore de très très grosses douleurs neuropathiques (mon nerf, dans la jambe gauche,a été tellement comprimé et affaibli qu'il ne COMPREND PAS qu'il n'y a plus besoin de m'envoyer un signal de douleur...et les seuls médicaments efficaces contre cela sont incompatibles avec l'allaitement...bref).
Physiquement, donc, je me remets, lentement, très lentement, j'ai mal quand je m'allonge, quand je me lève, quand je me penche, quand je porte le petit, mais je vais quand même de mieux en mieux. Mais le "petit", il pèse onze kilos cinq cent, et j'ai de plus en plus de difficultés à le déplacer (parce qu'il ne le fait toujours pas seul...°
Moralement, c'est une autre histoire...
Entre début décembre, à ma crise de hernie, et le week end de Pacques (six semaines après mon opération), j'étais un zombie. Je me suis occupée de mon mieux de Salaï, mais j'avais toujours quelqu'un chez moi. Cà m'a bouffée. TOUJOURS quelqu'un à la maison. Principalement ma belle mère, Mamity, avec qui çà ne va pas mieux puisqu'elle s'est autorisée une place que je ne puis plus tolérer. La limite entre l'aide apportée et l'intrusion a été franchie et j'en ai plus qu'assez de devoir faire attention à mes mots quand je lui dis quelque chose, de devoir justifier chacun de mes choix pour le petit (même quand c'est pour insister pour qu'elle lui mette sa casquette à l'extérieur, même à l'ombre...)
Je ne DEVRAIS pas avoir à me justifier. C'est MOI la mère, c'est MOI qui décide...
Du coup c'est très froid entre nous depuis son départ de la maison, et moi je douille, j'ai mal, oui, mais je respire...
Je m'en veux d'avoir eu mal, je m'en veux de n'avoir pas pu m'occuper comme je voulais de Salaï.
J'ai l'impression d'être un imposteur, parce que j'ai DU lui acheter un parc et un youpala, mon dos ne me permettant simplement pas de l'emmener avec moi dans la cuisine quand je prépare à manger, de le tenir contre moi quand je range les vêtements dans le dressing...je DOIS le laisser seul et je déteste çà, mais au moins, dans le parc il est en sécurité, et le youpala je suis dans la cuisine qui n'a pas de porte quand il est dedans donc je le vois...
vous voyez, je me justifie encore
J'ai l'impression de ne plus être cette maman bienveillante que je voulais être, qu'à la première difficulté j'ai lâché. J'ai mal, certes. Du coup je suis moins patiente, j'ai du mal à me lever la nuit (toujours pas de nuits complètes à l'horizon, et même les siestes c'est compliqué...)
J'ai mal quand Salaï se tortille et met des coups de pieds quand je lui change sa couche, et j'ai beau lui avoir expliqué des dizaines de fois il continue à ruer et se tortiller, et j'ai mal quand je me penche, alors je finis par élever la voix et faire les gros yeux, mais çà ne marche pas...
Je suis fatiguée de me plaindre tout le temps, fatiguée de moi même.
Le Prêcheur donne un coup de main plus conséquent, mais je n'ose pas lui dire quand quand il déboule dans la chambre du bébé après le bain pour finir de lui mettre son pyjama il débloque complètement notre rituel du coucher.
Salaï n'a pas l'air malheureux, je réponds toujours systématiquement à ses pleurs, je le laisse juste grogner après ses jouets quand il les a balancés hors de portée (je ne peux pas les ramasser cent fois par jour et en ce moment c'est la haute voltige de tout ce qu'il attrape).
J'essaye de me ressaisir, de relire les choses qui m'avaient fait basculer dans la pente bienveillante pendant ma grossesse.
Mais j'ai passé trois mois à avoir mal, tout le temps, et à être envahie, et dépossédée à la fois de mon rôle de maman et de l'entretien de ma maison, je ne me suis pas sentie chez moi, j'étais mal... et j'en veux à la terre entière, mais à moi en premier, parce que quelque chose a cassé. Je ne sais pas quoi, sinon je le réparerais.
Mais je suis cassée, en dedans. Alors je prends les sourires de Salaï, qui va bientôt avoir un an, sa façon de me croquer le nez pour me faire un bisou, ses câlins et ses éclats de rire comme autant de petits bouts de sparadrap... si seulement je savais où les coller...