En ce moment...

En ce moment, j'angoisse.

Pour tout et pour rien.

je sais que c'est dû à mon épuisement général, à ma culpabilité.

Je m'en veux très fort de ne pas avoir vu plus tôt que Salaï avait une otite, aussi je m'en veux de me plaindre que son sommeil soit si anarchique de nouveau depuis cet épisode. On a eu une grosse régression et de nouveau des réveils aléatoires à n'importe quelle heure, à un moment où je ne peux me le permettre ni physiquement ni moralement.

J'angoisse de Noël, parce que mon père et trois de mes frères seront la. J'angoisse du bruit, du désordre, de la perturbation que cela va faire dans ce "quotidien" qui pourtant me pèse par sa répétition et sa monotonie. Je suis plus qu'heureuse de les voir, mais l'enfant en moi regrette de ne pas avoir ma mère et mes deux autres frères, de devoir gérer tant de choses alors que je voudrais juste rester sous un plaid avec un thé et un bouquin. Et évidemment, je m'en veux d'avoir de telles envies alors que je suis sensée être une adulte responsable, la glu de cette maison.

Je m'en veux d'être aussi exigeante avec le Prêcheur, et je m'en veux de ne pas mieux/plus souvent lui dire de quoi j'ai réellement besoin. Je m'en veux de ne pas avoir insisté pour qu'il prenne davantage sa place de papa, et j'angoisse qu'il ne regrette un jour de ne pas être plus proche de Salaï. Leur lien s'est beaucoup étoffé ces derniers temps. Et j'angoisse d'être celle qui aura le rôle de "la méchante" plus tard...

J'angoisse et je m'en veux parce qu'en ce moment j'ai crié plusieurs fois sur Salaï. Quand il me tape et quand je mets deux heures à l'endormir. Je n'en peux plus et je suis à bout. Il me met des coups de pied quand je le change et je vois bien les limites de la bienveillance quand, au bout de plus de six mois, il continue malgré mes explications fermes, malgré mon visage fermé, malgré les "personne ne tape personne dans cette maison" et autres "je ne te laisserai pas me faire mal". Il s'amuse, lui, il se marre en lançant son pied sur ma figure ou mon ventre. Et je ne supporte pas la violence physique dans mon foyer.

J'angoisse d'être trop fusionnelle avec lui. J'angoisse de ne pas réussir à vivre sereinement les futures séparations avec la crèche,e t encore plus quand je commencerais mon stage, puisque nous ne seront plus ensemble 5 jours par semaine.

J'angoisse de mal organiser mon timing, le trajet, l'entretien de la maison, passer quand même du temps avec lui, prendre un moment pour échanger avec sa référente, ne pas le coucher trop tard parce qu'il devra se lever tôt, réussir à l'endormir vite pour profiter un peu du Prêcheur.

J'angoisse de mes cours, de ne pas réussir à avancer suffisamment pour être tranquille pendant les stages, de m'épuiser à encore travailler une fois rentrée, de ne pas tenir le rythme, de foirer mes examens, de ne pas réussir à trouver ce second stage, même pour l'an prochain.

J'angoisse de ma fin de droit de chômage qui approche à grand pas, du Prêcheur qui gagne juste un petit peu trop pour que l'on ait droit à quelque chose.

J'angoisse d'oublier quelque chose.

J'angoisse de m'oublier.

En ce moment, je n'ai pas peur de me perdre, j'ai peur de me noyer. Et j'ai bien trop souvent l'impression qu'en fait...c'est déjà le cas.