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Maman Est Une Sorcière

Maman Est Une Sorcière

Blog d'une jeune Maman Sorcière, de Papa Prêcheur et de leur Ptit Loup Wicca, Craft, Maternage Proximal, Couture, Lifestyle, DIY et tout un univers


La Blessure Secrète

Publié par Maman Sorcière sur 12 Décembre 2017, 12:09pm

Catégories : #Grossesse, #Notre Histoire

Qu'on se le dise, Salaï n'était pas un bébé prévu.

Je n'ai pas connu cette phase d'attente de la grossesse, celle où l'on se désespère à chaque arrivée de règles, où l'on commence à douter, à penser à en parler à des professionnels, à se demander si on pourra enfanter un jour.

Je n'ai pas eu ces angoisses de "est ce que ce mois ci çà va marcher", puisqu'on ne "cherchait" pas à le faire, cet enfant.

Malgré cela, j'ai une blessure secrète, une blessure de grossesse, qui joue beaucoup dans mon attachement à Salaï, dans ma façon d'être avec lui, dans mon envie de bienveillance et de maternage.

Salaï, à la base, il aurait dû être deux.

Le premier test de grossesse sur bâton-pipi ne dit rien de ces choses là, mais avec juste une semaine pile de retard, le trait était bien net.

Le test sanguin, lui, montrait un taux assez élevé, bien plus qu'en tout début de grossesse, et je me suis dit que je m'étais simplement trompée sur les dates de mes règles, ou que j'avais eu des "règles anniversaire", comme ma mère.

A la première écho, que j'ai passée très très tôt puisque je devais avoir une validation de mon gynécologue à cause de mon boulot (produits chimiques, tout çà tout çà...), on a juste confirmé la présence de la "chose", mais rien d'autre, c'était trop tôt pour même voir le coeur battre.

Puis un jour j'ai eu mal, et j'ai saigné. Et pas qu'un peu.

Et j'ai eu peur, donc quand le Prêcheur est rentré à la maison (une vingtaine de minutes plus tard), je lui ai demandé de m'emmener aux urgences.

Et aux urgences maman-bébé, j'ai été hyyyyper bien accueillie, traitée avec beaucoup de gentillesse et de respect, et quand on a fait l'écho (et cette fois, c'était pas sur le ventre, c'était l'echo endo-vaginale), l'interne qui s'occupait de moi a marqué un temps d'arrêt.

"Bon. Le bébé va bien, le coeur bat. Par contre j'ai besoin de voir un petit truc avec ma cheffe, ne vous inquiètez pas, vraiment il va bien, hein!"

Évidemment, j'ai paniqué. Et le Prêcheur, dehors, ne pouvait pas faire grand chose.

Quand la cheffe est venue, elle a bien regardé l'image, m'a fait un grand sourire.

"Y'a des jumeaux dans la famille?"

Ce jour la -enfin, cette nuit la-, j'ai dit avec un grand sourire au Prêcheur qu'on allait avoir des jumeaux, qu'ils avaient l'air de bien aller, mais qu'on m'avait confirmé trois fois la chose (par trois personnes différentes), oui oui, y'a deux masses, et deux coeurs.

Mais cette fois la aussi, j'étais en tout début de grossesse, peut être au milieu du deuxième mois.

Bref.

On se prépare comme on peut à la chose, on m'apprend que le saignement vient d'un léger décollement du placenta, que je dois revenir faire vérifier le lendemain que tout va bien, mais qu'en gros çà va et que je peux rentrer chez moi.

Verification le lendemain, tout va bien.

On me prévient aussi que quelques saignements peuvent persister, et que tant que ce n'est pas abondant je n'ai pas à m'inquiéter.

On prévient uniquement les très proches: mes parents, ceux du Prêcheur. Je ne sais pas pourquoi j'ai cette retenue, mais c'est comme çà.

Et puis vient le jour de la première écho officielle. J'annonce à mon gynéco que j'ai été aux urgences, mais que tout va bien, et qu'on m'a dit qu'ils sont deux.

Il a déjà les yeux sur l'écran.

"Ah bon? Ils vous ont dit çà?"

"Oui. La cheffe de service, l'interne et la gynéco la bas."

"Ah. Parce qu'ils ont dû se tromper en fait, regardez, mais c'est parce qu'il prend toute la place déjà ce bébé haha"

Il me montre l'écran. Un seul. Un seul genre de têtard chelou mixé avec un alien, le coeur, l'estomac, la vessie. Un seul.

Il noie le poisson, me dit qu'aux urgences ils voient beaucoup de monde, qu'ils ont dû se tromper (il le redit trois ou quatre fois), qu'ils ne devraient pas annoncer ce genre de choses à la légère...

Je ne dis rien. J'encaisse.

Comme si ce n'était pas grave.

Mais je savais pourquoi j'avais continué à saigner.

Je savais que quelque chose clochait.

A la maternité, quand je suis venue pour accoucher, ils avaient même encore la trace sur le dossier... "Si c'est une grossesse gémellaire je dois vous mettre dans la salle 2"

Non, madame, il n'y en a qu'un seul...

Les gens ne se rendent pas compte que çà me fait mal.

Alors je n'en parle pas, ou peu. J'ai déclaré à belle maman que le sujet était tabou.

J'ai accouché de Salaï, il va bien, je suis heureuse comme tout, je n'ai pas eu de problèmes pour faire cet enfant. Mais j'en ai perdu un en cours de route.

Alors à chaque fois qu'une femme me dit qu'elle a fait une fausse couche, ou qu'elle n'arrive pas à tomber enceinte, je suis doublement touchée: pour elle, parce que sa peine est palpable, et pour moi, pour ma perte à moi.

Je ne sais pas encore si on en parlera à Salaï ou pas. Si on lui dira qu'à son premier trimestre de fabrication, il avait un jumeau, et qu'il l'a perdu.

J'ai un peu peur qu'il ne le vive comme un manque, mais serait-ce pire de le savoir ou de l'ignorer?

Comme pour beaucoup, beaucoup de choses, je me tâte...

 

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U
La fausse couche, d'un jumeau ou d'un bébé unique, c'est perdre un morceau de soi. Enfin, moi, c'est ainsi que j'ai ressenti chacune de mes (trop) nombreuses fausses couches. On portait une petite vie, on l'aimait déjà, puis elle s'est envolée sans que l'on sache vraiment pourquoi. C'est douloureux, surtout moralement. Cette douleur ne peut être vraiment comprise qu'en la vivant, hélas. Et puis, même si on a la chance d'enfin donner la vie, il reste des traces, un creux...Quant à en parler à Salaï, mon modeste avis serait de ne rien dire si lui n'en ressent pas le manque. En revanche, si tu constates un manque chez lui, un trouble, ce peut être bon de mettre les mots dessus. Ce n'est qu'un avis extérieur, c'est toi qui sentiras le mieux à faire pour lui.
Répondre
M
Tes mots me touchent beaucoup, merci<br /> Et effectivement on a essayé avec le Prêcheur pour le moment de ne pas mentionner la chose devant lui (sait on jamais, je ne sais pas à quel point la mémoire peut ressortir ce genre de trucs...) et j'attends de voir... Ca ne sera sûrement pas avant quelques années si jamais le manque doit se faire sentir.

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